Mohamed
Ziane-Khodja -
le
train routinier
du
temps
au
temps
roule
à vive allure
siffle
avant de s'arrêter
la
gare en effervescence
y
a du monde
qui
descend
qui
monte
qui
se quitte
qui
se rencontre
qui
pleure
qui
rit
puis
siffle avant de démarrer
le
cœur la gorge serrés
débordés de remords
les
yeux perlés de larmes
pétillent de rage
un
oiseau deux oiseaux quatre moutons
en
sortent s'en échappent
repeuplant
les souvenirs innocemment tus
effluves
capiteux des renoncules de l'Enfance
un
instant des premières-dernières effusions
et
on fait la ronde quand même
un
oiseau deux oiseaux
on
se jette des fleurs
fanées
on
jure de ne pas s'oublier et tout le bazar
mais
à
peine le train s'éloigne
et
les quais désolants aussi
deux
oiseaux un oiseau un point dans le ciel
le
ciel
on
oublie
tout
s'oublie
puis
le train reprend son allure
à
destination "Avenir-Incertain"
au
pays de l'oubli
plutôt
de l'habitude
il
siffle avant de s'arrêter
il
siffle avant de démarrer
* Poème publié aussi à « Algérie-Actualité »
(par Tahar Djaout), entre autres, en juillet 1992.